Les bâtisseurs de Stonehenge et la Lune

Stonehenge et la Lune

J’ai voulu en introduction à mon blog axer ce premier post autour de Stonehenge qui représente un point clef dans mon roman « Si j’avais le Temps… » puisque c’est vers ce site mégalithique de la plaine de Salisbury à 140 km à l’ouest de Londres que les évènements conduiront Laurent DEUSK dans sa quête et que ses mystères lui seront révélés.

Première partie : la « porte » et la « lucarne »

Premier contact

La littérature fourmille d’études sur cette Merveille du Néolithique mais également sur son très riche environnement dont elle est indissociable et qui lui-même a été revisité lors d’une large étude conduite dans le cadre du Stonehenge Hidden Landscapes Project démarré en 2010. De nombreux documentaires ont également été produits autour des découvertes réalisées (je vous invite à retrouver des liens dans la section bibliographique du site de l’auteur), sans compter les thèses plus ésotériques inhérentes à la nature même de cette structure et que je suis venu compléter par mon histoire. Mais pour en rester à des théories plus officielles, mon roman étant ancré sur la notion du temps j’ai décidé de revenir ici sur un passage concernant la Lune.

J’ai eu la chance de pouvoir me rendre à Stonehenge en Décembre 2009 aux alentours du solstice d’hiver. Ce solstice n’est pas celui qui rassemble le plus d’adeptes des mouvements néodruidiques, « new age », ou hippies (j’en oublie peut-être) qui viennent célébrer le Soleil à son lever au jour le plus long de l’année, mais bien le solstice correspondant à la nuit la plus longue. Si la dernière portion de « l’Avenue » qui mène à Stonehenge est orientée sur le Nord-Est vers le lever du Soleil le 20 ou 21 mars, le monument en lui-même semble indiquer de manière précise une autre direction et si on regarde dans l’autre sens 6 mois plus tard au moment du coucher du  Soleil les intentions des architectes de ce monument semblent mieux définies.

La photo ci-après que j’ai prise lors de ma visite donne une idée de ce à quoi devait ressembler la partie centrale du site à son âge d’or vers le début du deuxième millénaire avant Jésus-Christ. Cette représentation correspond à la phase dite 3v selon la classification de Cleal [Cleal R.M.J., Walker K.E., et Montague R., 1995, “Stonehenge in its Landscape: Twentieth-century Excavations”. English Heritage] du monument telle qu’on pouvait l’approcher par la dernière portion de « l’Avenue » qui relie la rivière Avon à Stonehenge, en avançant dans la direction sud-ouest.

Stonehenge vue d'artiste
Photo 1 : Vue d’artiste de Stonehenge en phase 3v (classification de Cleal). Photo prise sur le panneau de présentation à l’entrée du site en 2009 (les pierres les plus imposantes sont celles dénommées Sarcen, les pierres dites bleues étant les plus petites situées entre la coronne extérieure de Sarcen et les trilithes de Sarcens au centre, ainsi que celles à l’intérieur des trilithes).
A l’époque où je m’y suis rendu, j’avais emprunté depuis Amesbury la Stonehenge road jusqu’à la A303 qui faisait plus loin la jonction avec la A360 (ou son prolongement). J’avais longé les grilles du site sur ma gauche en suivant cette route. L’accès se faisait par la droite de la route qui offrait un passage sous terrain vers le site. Les aménagements étaient assez sommaires.
Le site a depuis été réaménagé avec un accueil par le nouveau centre des visiteurs ouvert en Décember 2013. Je n’ai pas eu l’occasion d’y retourné depuis mais les photos donnent une impression plus en adéquation avec la majesté de Stonehenge.

Représentation en vue aérienne de l'Avenue de Stonehenge
Schéma 1: Représentation en vue aérienne de l’Avenue en pointillés rouge qui reliait Stonehenge à la rivière Avon.
Sont dessinés sur la carte le tracé actuel de la A303 et celui de la Stonehenge Road qui relie l’A303 à Amesbury (hors du cadre). Cette photo est récupérée et adaptée de l’article dédié à Stonehenge sur Wikipédia (Photo “Plan de la zone archéologique de Stonehenge”).

Description du site

L’ensemble était constitué d’un cercle extérieur de 30 blocs imposants de grès, nommés Sarsens, avec un diamètre d’environ 32 mètres, et d’une rangée concentrique de 59 ou 60 pierres dites bleues, de plus petite taille, entourant à son tour cinq trilithes de sarsens encore plus imposants. Ces cinq trilithes sont disposés suivant le plan d’un fer à cheval autour d’une rangée supplémentaire de 19 pierres bleues au centre qui reproduisent la même forme. La taille des trilithes augmente depuis les deux situés au premier plan vers le trilithe central qui domine la structure. De même les pierres bleues disposées dans l’espace délimité par les trilithes voient leur taille augmenter depuis celles situées aux extrémités vers celles situées dans l’axe. Les blocs de sarsens mesurent jusqu’à 6 mètres de haut et pèsent jusqu’à 45 tonnes. Légèrement effilés vers le haut, ils comportent une pointe en leur sommet prévue pour emboîter des linteaux. Les blocs de sarsens extérieurs supportaient initialement une couronne de linteaux formant un cercle à niveau (à 17 centimètres près) malgré la pente du sol qui monte d’un demi-mètre sur la distance correspondant au diamètre du cercle extérieur.

Des pierres sarsen qui l’entouraient, 17 se tiennent debout encore aujourd’hui. Six linteaux sont en place dont 3 qui forment un arc de cercle, les autres dessinant des « portes » isolées. Des cinq trilithes disposés en fer à cheval au centre, trois ont résisté aux siècles. Les deux restants, dont celui situé sur l’axe principal, ne sont plus qu’une pierre levée. Quelques pierres bleues continuent de se dresser mais la plupart sont soit tombées soit ont disparu…  

Une dimension cosmique ?

Au solstice d’hivers, une personne placée près de la « Heel stone », ou pierre talon, qui borde l’Avenue voyait le Soleil se coucher dans l’axe de la structure en passant juste à gauche de la seule pierre Sarsen du grand trilithe central encore debout aujourd’hui (visible avec sa pointe qui dépasse sur la photo prise depuis la « Heel » Stone). À l’âge d’or de Stonehenge les Sarsens étaient disposées de telle sorte que l’ensemble de la structure vue depuis la pierre talon formait un mur opaque offrant uniquement une ouverture dans l’axe du grand trilithe central. C’est cette ouverture que les rayons du Soleil couchant empruntaient pour transpercer Stonehenge de part en part avant que le jour ne disparaisse sous terre. Mais pour être plus précis il y avait deux ouvertures : initialement le grand trilithe au centre dominait par sa taille l’ensemble, si bien que la ligne des linteaux du cercle extérieur coupait horizontalement le vide intérieur du trilithe dessinant une « porte » en dessous des linteaux et une « lucarne » au-dessus comme représenté dans le schéma suivant. Mais le plus intéressant est que le Soleil ne passait qu’à travers la porte avant de se coucher au solstice d’hiver. Alors pour qui était prévue la lucarne ? C’est là que pourrait entrer en scène la Lune…

Le grand trilithe central de Stonehenge
Schéma 2 : Vue d’artiste de la partie centrale de Stonehenge depuis la pierre talon au premier plan à gauche (phase 3ii à 3vi de la classification de Cleal). Devant le trilithe figurent les pierres sarcen de la couronne extérieure coiffées de leurs linteaux dessinant une lucarne au-dessus et une porte en-dessous dans l’espace intérieur du trilithe.

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Auteur/autrice : ME

Matthieu EVERST est chercheur en physique et passionné par les civilisations anciennes. Il s’intéresse notamment à la « pierre », support par lequel ces premières sociétés nous ont laissé le témoignage de leur présence et un instantané de leur rapport au monde. Il est l’auteur du roman intitulé « Si j’avais le Temps… » dans lequel le personnage principal plonge au cœur de la nature du Temps à travers un cheminement intérieur qui le conduira jusqu’à Stonehenge.

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