Je vous livre ici une courte histoire que j’ai rencontrée alors que je progressais sur les miennes…
Un conte africain rapporte que le roi Salomon, qui avait le don de comprendre et de parler à tous les animaux de la création, s’en allait méditer dans le désert quand sur son chemin il trouva une fourmilière. Voyant le souverain, les fourmis cessèrent de travailler pour venir saluer l’empreinte de son pied et elles se rassemblèrent ainsi toutes autour de lui… Toutes sauf une. Il y avait là une fourmi qui travaillait à l’écart et faisait des allers-retours entre une petite butte de sable, d’où elle récupérait un grain, et un lieu situé quelques mètres derrière où elle y déposait le grain qu’elle venait de transporter.
Devant ce spectacle singulier, le roi s’approcha de la petite fourmi et il lui dit : « bonjour petite fourmi, peux-tu m’expliquer ce que tu fais là et pourquoi tu ne t’es pas jointe à tes sœurs pour me saluer ».
La fourmi, tout en poursuivant son œuvre, répondit au roi : « excusez-moi, ô mon roi, ce n’est ni par impolitesse ni par désobéissance, mais mon âme est animée par une tâche qui me tient particulièrement à cœur. Comme vous le voyez, je déplace cette montagne qui se trouve sur mon chemin ».
Le roi troublé par la réponse de la fourmi lui demanda : « mais ne crois-tu pas que déplacer cette butte dont tu ne perçois même pas le sommet est une tâche qui se trouve bien au-dessus des possibilités de ton petit corps ? Je pense que tu n’auras pas la vertu nécessaire, je veux dire par là la patience, ni la chance, c’est-à-dire la longévité, pour mener à bien une tâche d’une pareille ampleur. »
La fourmi continuant toujours son ouvrage expliqua alors au roi : « La force qui me pousse est plus puissante que toutes les tempêtes du désert, car si je fais tout ça c’est pour retrouver ma bien aimée que cette montagne sépare de moi, et rien ne pourra me distraire de cet objectif. Je déplacerai donc une à une toutes les pierres de cette montagne jusqu’à ce que le chemin entre elle et moi soit parfaitement plat. Et si je dois mourir avant d’avoir terminé ce travail, alors au moins je partirai dans la douce folie de cette chose qui meurt en dernier dans le cœur des êtres : l’espérance ».
C’est ainsi que la petite fourmi parla au grand roi tout en continuant son travail sans même lui avoir adressé un regard, et c’est ce jour-là que le roi compris ce qu’était la véritable force du grand amour.